Pourquoi " rester POUR quelque temps " est-il susceptible de poser un problème d'acceptabilité ? - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue de Sémantique et Pragmatique Année : 2012

Pourquoi " rester POUR quelque temps " est-il susceptible de poser un problème d'acceptabilité ?

Résumé

Some foreign speakers produce sentences like Je reste en France pour six mois (≈ "I am staying in France for six months"), combining the preposition pour (≈ "for") and the verb rester (≈ "to stay") to express "duration". However, if the English version seems to be tolerable, the French one is not acknowledged unanimously by French native speakers. A part of them considers such as a construction acceptable and the other part is uncertain and prefers the use of pendant (≈ "during") to pour, but without any conviction. Such a report is intriguing and deserves a meticulous study. We believe that the observed hesitations are due to two sorts of linguistic phenomena: firstly, the "signified" of the French preposition pour is not compatible with the aspectual informations implied by the use of rester since pour involves, in uses including the structure "pour Nduration", that the final boundaries of the duration are fuzzy and unclear; thus, pour is incompatible with numeral quantifiers like deux, trois, cinq, etc. (mois) ("two, three, five (months)"), while the verb rester calls to mind an "unlimited interval". Secondly, speakers may confuse pour with pendant which expresses more clear boundaries in sentences like Je reste en France pendant six mois. In addition, the aspectual properties of rester can also be wrongly considered as the same as the other "static verb" être ("to be"): the latter accepts, for example, the combination with inchoative process but not the former. That's why native speakers are not convinced about the heard patterns. Our hypotheses are confirmed and supported, in this study, by a large corpus of sentences and several linguistic criteria.
Certains étrangers produisent des énoncés comme Je reste en France pour six mois combinant la préposition pour avec le verbe d'" état " rester pour exprimer un certain rapport de " durée ". Toutefois, si ce type de constructions peut paraître tout à fait acceptable par certains francophones natifs, d'autres, au contraire le trouvent douteux, mais sans grande conviction. Un tel constat est pour le moins intriguant et incite à mener une étude méticuleuse sur ces constructions afin de comprendre et d'expliquer ce sentiment d'incertitude. Il y a, selon nous, deux phénomènes linguistiques qui permettent de justifier ce constat. Le premier a trait à une incompatibilité distributionnelle constatée dans ce type d'exemples : le fait que la préposition pour n'engage pas la borne finale dans l'expression de la " durée " se trouve en conflit avec, à la fois, les compléments spécifiés par des quantifieurs " numéraux ", de type deux, trois, cinq (mois), etc. et avec l'emploi du verbe rester qui implique, lui, que cette durée est " illimitée ". Un tel emploi est plus approprié avec la préposition pendant, qui introduit un intervalle objectif parcouru du début jusqu'à la fin. Quant au deuxième, il correspond à une probable confusion dans la tête des locuteurs selon laquelle on assimile d'un côté pour et pendant et de l'autre être et rester, alors qu'ils sont linguistiquement très différents, ce qui entraîne ce flottement dans les jugements. Nos hypothèses sont étayées et confirmées par le recours à un important corpus et à une multitude de tests linguistiques.
Fichier principal
Vignette du fichier
Hommage_A_Pierre_Cadiot_Hamma_et_alii.pdf (215.44 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
Loading...

Dates et versions

halshs-00927204 , version 1 (13-01-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00927204 , version 1

Citer

Badreddine Hamma, Houda Ounis, Danielle Leeman, Belinda Lavieu, Céline Vaguer, et al.. Pourquoi " rester POUR quelque temps " est-il susceptible de poser un problème d'acceptabilité ?. Revue de Sémantique et Pragmatique, 2012, 31, pp. 89-111. ⟨halshs-00927204⟩
453 Consultations
433 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More