Un esclave a vu le monde - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Locus, Revista de História Année : 2012

Un esclave a vu le monde

Camille Lefebvre

Résumé

Central Sudan in the 19th century is shaped by an intense mobility of people through complex networks of circulations. Within this organized space, the rules are not the same for everyone. The ability of Individuals and groups to move depends on the social status of each one, without following simply social hierarchies. In fact, the narratives of European explorers in the area, recount roads full of slaves, men and women, in groups or alone, chained or free to move. This extreme mobility of slaves, call for questioning the individual and collective ability of enslaved people to move and to control their movements. To access their experience and practices of mobility, the historian can draw upon the corpus of life stories or slave narratives. These testimonials from individuals who were slaves in central Sudan were collected by linguists or amateur scientists in the first half of the 19th century in London, Sierra Leone, Massachusetts, Rio or Bahia. Fifteen stories from one page to ten pages offer a counterpoint endogenous intimate and personal to understand the complexity of mobility experiences in context of enslavement. In these societies where those who travel are considered and admired, Slaves who have experienced abduction, capture, exile and an accumulation of travel experiences are often considered more suitable for mobility and it leads some of them to pursue careers in the largely professionalized world of long-distance trade. Soudan central, Sahel, Sahara, esclavage, mobilité, 19e siècle, voyage.
Le Soudan central au 19e siècle est caractérisé par une grande mobilité des hommes à travers des réseaux de circulations complexes. À l'intérieur de cet espace organisé et normé, les règles ne sont pas les mêmes pour tous. La mobilité, individuelle ou de groupe, est déterminée par la position sociale de chacun, sans que la possibilité de se déplacer ne soit un simple reflet des hiérarchises sociales. En effet, à la lecture des sources, on est frappé par l'omniprésence d'esclaves, hommes et femmes, sur les routes. Ce qui nous invite à questionner les capacités individuelles et collectives de ceux qui sont asservis à se déplacer et à exercer un contrôle sur leurs déplacements. Pour retrouver le vécu, les pratiques et l'expérience de ceux qui sont asservis, l'historien peut s'appuyer sur le corpus, restreint mais riche, de récits de vie d'esclaves. Ces témoignages offrent un contrepoint endogène, intime et personnel permettant de comprendre la complexité des expériences de mobilité en contexte d'asservissement. Dans des sociétés qui respectent et admirent ceux qui ont parcouru et vu le monde, l'expérience fondatrice de l'enlèvement, de la capture et de l'exil ainsi que l'accumulation d'expérience de déplacements vécus par les esclaves amènent à les considérer comme plus aptes à la mobilité et amène certains à faire carrière dans le monde largement professionnalisé du commerce de longue distance.

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Citer

Camille Lefebvre. Un esclave a vu le monde : Se déplacer en tant qu'esclave au Soudan central (XIXe siècle). Locus, Revista de História, 2012, 35 (2), pp.105-143. ⟨halshs-00874435⟩
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