La corporation des cordonniers de Morlaix (1598-1791) - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne Année : 2002

La corporation des cordonniers de Morlaix (1598-1791)

Thierry Hamon
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1200881

Résumé

C'est en mai 1598 que, profitant de la venue en Bretagne d'Henry IV, les maîtres cordonniers de Morlaix obtiennent du pouvoir royal la reconnaissance officielle de leur confrérie professionnelle, placée sous le patronage de saint Crépin et saint Crépinien. Ils se dotent à cette occasion de statuts détaillés, prenant fidèlement pour modèle la Charte médiévale des cordonniers rennais - malheureusement perdue aujourd'hui - , que retiennent également comme source d'inspiration principale leurs homologues de Vannes, un siècle plus tard. Le métier devient ainsi une véritable corporation ou jurande, au plein sens juridique du terme, bien que les cordonniers de Morlaix continuent, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, à faire exclusivement usage de l'expression Confrérie, en dépit du fait que le domaine d'activité de leur organisation dépasse de beaucoup celui d'une simple association de piété. Les maîtres morlaisiens obtiennent, par la suite, la confirmation de leurs statuts par Louis XIII en 1614, puis Louis XIV en 1651, ce qui a pour conséquence imprévue de forcer la profession à participer à la défense de la ville, le "Roi Soleil" mettant à sa charge l'entretien de deux soldats miliciens, lors de la guerre de "la Ligue d'Augsbourg". Au dix -huitième siècle, la profession comprend plus d'une soixantaine de maîtres et fonctionne d'une façon régulière, assez représentative de la grande majorité des communautés de métier bretonnes. Son registre de délibération présente toutefois l'originalité de fournir des indications totalement inédites quant aux modalités suivies dans le choix des dirigeants corporatifs, lesquels, fidèles à leur origine historique, persistent à porter jusqu'à la Révolution les titres - peu courants - de "Père Abbé", "1er Fils" et "2nd Fils Abbé". Il s'avère que ceux -ci sont réellement élus, de façon démocratique, par l'assemblée générale annuelle de l'ensemble des maîtres de la profession, les dirigeants sortants se contentant de proposer deux noms pour chacun des postes à pourvoir ; cela donne lieu à un débat véritable débouchant sur un scrutin individuel et public, avec décompte scrupuleux des votes : rien ne semble joué d'avance, puisque certains "Pères Abbés" ne sont élus qu'avec trois ou quatre voies de majorité sur leur concurrent, tandis que d'autres doivent s'y prendre jusqu'à cinq fois avant d'obtenir le mandat longtemps brigué. On constate, en fait, que la corporation morlaisienne adopte un système fortement inspiré de celui suivi pour la désignation des corps municipaux, dans les villes qui, telles Morlaix ou Nantes, ont conservé la prérogative d'avoir des édiles élus. Dépassant son intérêt local, l'exemple de la Confrérie Saint-Crépin met donc en lumière un rapprochement jusqu'ici passé inaperçu entre les modalités des élections professionnelles et celles des élections à caractère politique, apportant une contribution non négligeable à la connaissance de l'ancien Droit du Travail.

Mots clés

Domaines

Droit
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Citer

Thierry Hamon. La corporation des cordonniers de Morlaix (1598-1791). Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne, 2002, 80, pp.53-147. ⟨halshs-00852307⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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