Jacques Derrida, l'autre en soi.
Résumé
Jacques Derrida ne fut pas seulement un grand philosophe, il fut aussi une grande figure de la philosophie. Il incarnait une certaine image de la philosophie à travers une mise en scène de soi et de la pensée, qui n'est pas sans rappeler ce que Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Gilles Deleuze ou même Bernard Henri-Lévy purent apporter chacun à la figure plus générale, et très française, de " l'intellectuel ". Mon propos n'est pas de comparer la popularité de Derrida à d'autres, ni de comprendre comment un philosophe devient célèbre, ni même de faire une synthèse sur la question de l'altérité dans les nombreux textes de Derrida. Ce qui m'intéresse dans la figure derridienne est l'usage qu'il fait de l'altérité pour construire son autoportrait philosophique, en approfondissant des expériences passées à travers des dispositifs en images. Dans les années 70 en effet, auteurs et artistes ont commencé à élaborer une véritable esthétique identitaire autour de petites mythologies du moi (mythologies individuelles, photobiographie, autofiction...). Sans entrer dans ces catégories, Derrida œuvre toutefois à leurs marges. La variété des supports qu'il utilise pour construire sa figure de philosophe et ses pas de côté pour éviter les chausse-trappes égotistes témoignent d'une conscience aiguë des nouvelles formes d'identité médiatisées et alterisées (pour ne pas dire altérées) par l'image.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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