Les malheureuses facultés de province
Résumé
" Les malheureuses facultés de province " : par cette expression de Renan - qui datait de 1875 -, un des membres de la Société pour l'étude des questions de l'enseignement supérieur rend compte, en 1906, dans la Revue internationale de l'Enseignement, de la situation universitaire française. Ces malheureuses facultés de province, ce sont les Facultés des Lettres qui manquent de ressources financières et où les professeurs se sentent délaissés. Mais ils craignent surtout dans certaines " spécialités ", c'est-à-dire certaines des disciplines enseignées dans les collèges et lycées, de manquer d'étudiants et ils en incombent la responsabilité à l'Université parisienne. Qui plus est, depuis 1903, avec " la Sorbonne et l'Ecole réunies ", le mouvement par lequel Paris aspire les étudiants s'est accentué. Aussi, pour remédier aux difficultés qu'ils affirment rencontrer, proposent-ils, dans la Revue internationale de l'Enseignement, diverses solutions : spécialisation par pôles, regroupement des moyens, sélection des diplômes préparés, mesures administratives pour accroître le nombre d'inscrits... Réaction corporatiste des professeurs de province, perception aiguë des inégalités entre la capitale et la province ou débat de fond, quelque dix ans après la réforme de 1896, sur les missions de l'enseignement supérieur des lettres, comment interpréter le mouvement d'humeur qui vient de la province ? Cette question, dont l'essentiel des sources est constitué par les articles de la RIE publiés entre 1900 à 1914, nous paraît être au croisement de deux des thématiques du colloque : celle de la dualité niveau central-niveau local et celle de la renaissance universitaire du début du XXè siècle dont on voit ici les débuts difficiles.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)