INCIDENCES DU RAPPORT AU CADRE DE VIE ET DU CONTEXTE SUR LA MOBILITE DE LOSIR
Résumé
Le périurbain est régulièrement stigmatisé au titre des distances parcourues en automobile et des émissions de gaz qu'il entraîne. Dans cette recherche, nous avons pris au sérieux cette critique et l'avons mise à l'épreuve en explorant les liens entre le cadre de vie et la mobilité induite de loisir. Chaque ménage développe des relations propres à son environnement et il est pertinent de s'interroger sur leurs pratiques et leur inscription spatiale. Sur cette base, nous avons cherché à comprendre quels sont les éléments qui influencent la mobilité de loisir en dehors des variables classiques telles que le revenu, la CSP et le niveau de diplôme. Notre hypothèse principale était que le rapport des ménages à leur cadre de vie et le contexte dans lequel ils inscrivent leurs pratiques influencent la mobilité de loisir. Quels liens existe-t-il entre le cadre de vie, les ménages, leurs pratiques et leur mobilité ? Théoriquement, nous avons mis en évidence les liens entre mobilité de loisir et cadre de vie. Après une mise en cause des avantages de la ville dense en raison des caractéristiques de la mobilité de loisir, nous avons pointé l'intérêt de s'intéresser au cadre de vie et à l'individu pour comprendre les pratiques de mobilité de loisir. Le développement de notre cadre conceptuel se poursuit autour d'une approche par les pratiques et les représentations. Pour appréhender la relation entre le cadre de vie et les pratiques de loisir dans un cadre non déterministe, nous avons confronté notre définition du cadre de vie avec celles proposées par les différents auteurs et relevé selon chacune d'elle leur influence sur les rapport possibles que le ménages entretiennent avec le cadre de vie. Ils permettent de comprendre comment la sociologie appréhende l'acteur et à plus forte raison comment le cadre de vie vise à mettre en évidence le rôle de l'individu dans la compréhension des pratiques et des modes de vie. Les approches contemporaines portant sur le rôle de l'individu réflexif permettent d'échapper aux approches déterministes via le décloisonnement de la sociologie. Cette ouverture des champs théoriques aboutit grâce aux logiques d'action à la prise en compte à la fois de l'individu et d'un contexte multiple à la fois fonctionnel, sensible et social pour comprendre les pratiques A partir de cette définition du cadre de vie divers critères entre donc en compte dans l'analyse de l'influence du cadre de vie sur la mobilité de loisir. Nous supposons qu'en fonction des caractéristiques individuelles et du contexte, un ménage développera un type de rapport au cadre de vie (combinant un rapport plus ou moins développé avec chacun de ces registres : fonctionnel, sensible et social) et que ce rapport influencera la nature de son attachement au cadre de vie, son inscription spatiale et donc sa mobilité de loisir. Pour nous, en plus des caractéristiques individuelles des ménages, la mobilité de loisir sera donc influencée d'une part, par le rapport au cadre de vie, i. e par les pratiques et les représentations du cadre de vie et, d'autre part, par le cadre de vie en tant que contexte dans lequel s'inscrivent les pratiques. Les agglomérations franciliennes et romaines constituent notre terrain d'étude. Ces deux agglomérations présentent une structure urbaine et un modèle de périurbanisation contrastés. L'affectation des loisirs est très liée aux particularités de divers groupes sociaux elles-mêmes liées à l'histoire propre de ces groupes ou à leurs conditions économiques et culturelles. A ce titre, nous avons retenu des ménages entre 30 et 45 ans avec enfants, puisque cette structure du ménage détermine très largement les activités, les déplacements et les distances à parcourir quotidiennement. Notre travail empirique repose sur trois approches complémentaires, toutes trois réalisées dans les 9 terrains d'études retenus se distinguant par leur situation géographiques (centrale, péricentrale, périurbaine) et leur niveau de desserte en transport collectif : un approche contextuelle dans laquelle nous décrivons chacun des terrains d'étude à partir d'une cadre d'analyse reposant sur les caractéristiques fonctionnelles, sensibles et sociales des lieux, une approche qualitative regroupant au total 81 entretiens semi-directifs et une approche quantitative reposant sur 2250 enquêtes téléphoniques quantitative auprès des ménages.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)