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Communication dans un congrès Année : 2011

Le social business ou "la pauvreté au musée" : une déconstruction

Résumé

Depuis une dizaine d'années, l'entreprise est érigée comme un acteur majeur de la lutte contre la pauvreté. La responsabilité sociale de l'entreprise et les stratégies de la base de la pyramide, le microcrédit et le social business abondent en ce sens : ils soutiennent la complémentarité des objectifs économiques et sociaux, dont le renforcement réciproque engendrerait le cercle vertueux du développement. Cet article étudie une coentreprise motivée par une telle synergie. Fondée par les groupes Danone et Grameen, elle commercialise des yaourts enrichis à destination des populations pauvres du Bangladesh. La complémentarité des objectifs sociaux et économiques doit intervenir tout au long du cycle du produit. En amont, la production emploie la population locale, qui assure également l'approvisionnement en lait. En aval, les yaourts sont vendus par des femmes afin d'augmenter leurs revenus. Enfin, le yaourt est enrichi pour pallier les carences nutritionnelles du régime local. Cette recherche interroge la synergie des pratiques sociales et économiques. Contrairement au discours dominant sur le social business, nous montrons les conflits qui les traversent. Dès lors, nous proposons une interprétation alternative. Elle est fondée sur la complémentarité de deux approches méthodologique : une déconstruction du discours dominant se concentre sur ce qui est dit ; une étude ethnographique, menée en France et au Bangladesh, révèle ce qui n'est pas dit et ce qui aurait pu être dit. L'article est structuré en deux parties qui se répondent l'une l'autre. Dans la première, nous déconstruisons le discours dominant. Nous montrons que sa charpente dialectique soutient une thèse de la fin de l'histoire. Un : le social et l'économique sont posés comme les deux éléments constitutifs d'une même réalité ; opposés l'un à l'autre, il en résulte un dilemme. Deux : le social business est érigé comme la solution à ce dilemme ; il est la troisième voie qui permet la synthèse des contraires. Trois : une nouvelle dichotomie émerge ; d'un côté les impasses d'un passé dépassé, de l'autre le succès du social business ; c'est-à-dire, d'un côté les conflits de l'histoire, de l'autre la fin des conflits et la fin de l'histoire. Dans une seconde partie, nous nous approprions le schème dialectique du discours dominant et reconstruisons un discours alternatif et subversif. Un : nous montrons comment la structure bipolaire du social business conduit à une dichotomie entre les objectifs sociaux et économiques. Deux : nous montrons que ces deux objectifs sont conflictuels. Trois : nous décrivons la manière dont ces contradictions sont apaisées. Cependant, plutôt que de célébrer la synthèse de forces contraires, nous révélons comment le social est récupéré par l'économique. Cet article offre trois contributions principales. Pointant la présence et l'absence de certains concepts, il contribue à la réflexivité du social business. Restituant les conflits entre le social et l'économique, il dénaturalise le discours angélique du social business. Faisant parler les voix silencieuses, il réhabilite la polyphonie de l'organisation.
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halshs-00676063, version 1 (02-03-2012)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00676063 , version 1

Citer

Claudine Grisard, Vivien Blanchet. Le social business ou "la pauvreté au musée" : une déconstruction. Congrès de l'AIMS, Jun 2011, Nantes, France. ⟨halshs-00676063⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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