Usages et réceptions du Telliamed chez les naturalistes durant la seconde moitié du 18e siècle
Résumé
Dès le premier manuscrit de 1720 et jusqu'à sa parution en 1748, l'ouvrage posthume de Benoît de Maillet (1656-1738) intitulé Telliamed ou Entretiens d'un philosophe indien avec un missionnaire français sur la diminution de la mer, la formation de la terre, l'origine de l'homme, etc., présente un double caractère qui lui a valu d'être un lieu d'échange entre deux ensembles conceptuels du 18e siècle. Il participe tout autant du mouvement de défiance irréligieuse, remettant en cause les dogmes de la théologie concernant la création des espèces et de l'homme, que des efforts d'une partie des savants pour rénover les méthodes et les objets de l'histoire naturelle. L'idée que les concepts n'appartiennent pas définitivement à tel ou tel discours permet d'étudier le Telliamed comme un objet d'échanges, qui a servi de multiples stratégies parfois antagonistes. Dans cette perspective, il convient de se demander si, d'une part, la méthode présente dans ce texte, pour comprendre le passé de la Terre et des êtres, peut être détachée d'éventuelles implications métaphysiques, et si, d'autre part, les savants de la seconde moitié du 18e siècle ont été indifférents au scandale théologique qu'il a causé. Il est alors possible d'examiner ce que les naturalistes ont retenu de cet ouvrage et comment ils ont reçu son idée que les formes naturelles changent dans le temps.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt