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Communication dans un congrès Année : 2011

politiques régionales, dynamiques métropolitaines et performance institutionnelle: et si Clastres et Putnam avaient raison

Résumé

Initialement, nous avions envisagé de contribuer aux réflexions du colloque en mobilisant un certain nombre d'enquêtes empiriques menées ces dernières années sur le binôme métropole/région en France (Montpellier/Languedoc Roussillon, Lyon/Rhône-Alpes), en Europe du Sud (Barcelone/Catalogne, Naples/Campanie, Athènes/Attique) et en Amérique du Nord (Montréal/Québec). Ces travaux nous ont permis de constater que l'évaluation de la performance institutionnelle et de la " bonne gouvernance " ne dépendait qu'à la marge de la qualité des design institutionnels en présence, des champs de compétences réglementaires transférés par les Etats nation, des modes de désignation des élus locaux et de la vitalité des mobilisations collectives localisées. Aussi, le choix des organisateurs de placer notre intervention sur les cadrages conceptuels dans la séance d'ouverture nous incite à focaliser le propos sur les défis analytiques que le questionnement rivalités/associations dans une perspective comparatiste. Nous souhaitons souligner le défi de cette entreprise en suggérant que la science politique aurait tout à gagner d'une discussion sur les représentations du pouvoir local qui donne une place plus conséquente aux grilles de lecture anthropologique et culturaliste. Pour schématiser le propos, nous ferons référence à deux controverses scientifiques débattues dans les années 70 et 90 qui ont généré des perspectives centrées sur les dimensions symbolique, temporelle et territorialisée de l'action publique locale : * l'ouvrage La société contre l'Etat où l'anthropologue Pierre Clastres a décrit dans un style littéraire très maitrisé comment, au sein de certaines communautés locales dites primitives ou pré-étatiques, le pouvoir était vénéré en son impuissance, le chef tirant sa légitimité non de son autorité dans la réciprocité et l'échange mais de sa capacité à incarner par le langage une forme de pouvoir limité à des fonctions symboliques (Clastres 1977) ; * l'ouvrage Making Democracy Work dans lequel le sociologue Robert Putnam a défendu avec vigueur (et beaucoup de données statistiques) la thèse culturaliste selon laquelle la variation du degré de civisme des individus, qui devait être appréhendée sur le temps long, permettait d'expliquer les écarts de rendement institutionnel et de performance publique entre les régions en Italie (Putnam 1993). Pour des raisons fort différentes, les auteurs ont été dans les deux cas sévèrement critiqués au sein de leur communauté académique respective et par les disciplines voisines. Néanmoins, quelques décennies plus tard, la capacité de résistance des individus aux autorités publiques et la loi d'airain des communautés civiques infranationales constituent toujours deux énigmes redoutables et en grande partie non résolues. A l'heure où la décentralisation et la mondialisation brouillent les règles des systèmes politiques nationaux et modifient en profondeur les repères de la domination politique, il nous semble à la fois utile et nécessaire de revenir sur les ambitions théoriques et méthodologiques que ces deux intellectuels plaçaient dans l'études de l'impact des cultures politiques locales sur les enjeux de gestion publique. Quelques énigmes simples balisent le questionnement : quelle part de légitimité et d'autorité les individus accordent-ils aux élites des gouvernements métropolitains et régionaux ? La coopération entre ces deux échelons est-elle formatée par des sentiers de dépendance historiques ? Quelle est l'influence des énoncés métropolitains et régionaux sur le bien commun dans la mise en œuvre des politiques publiques sectorielles ? Nous sommes partis de l'intuition que la perspective anthropologique clastrienne et l'horizon culturaliste putnamienne permettaient peut-être de donner un éclairage inédit au différentiel démocratique qui spécifie les façons de faire de la politique et des politiques entre les métropoles et les régions. Dans notre esprit, le retour sur ces deux auteurs oblige l'observateur à être plus attentif aux façons situées et contextualisées de concevoir et d'exprimer la mise en ordre de la société, et notamment à prendre au sérieux la portée des récits de désenchantement et de réenchantement qui relient spécifiquement, pour chaque binôme métropole/région, les habitants et les élus dans leur représentation de la politique. Le propos sera structuré sur trois arguments librement inspirés des thèses des deux auteurs : * l'histoire de chaque ville est constituée d'événements et de traumatismes qui imprègnent la façon dont les acteurs conçoivent le rôle des institutions métropolitaine et régionale, * les élections locales reflètent et formatent les liens de confiance et de défiance qui s'établissent entre les électeurs et les élus en matière d'ordre politique et de cohésion sociale, * les discours sur les priorités publiques mettent en récit des croyances et des stéréotypes qui influencent la codification des frontières du bien commun lors de la mise en œuvre des politiques publiques sectorielles.
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Dates et versions

halshs-00660286, version 1 (16-01-2012)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00660286 , version 1

Citer

Alain Faure, Emmanuel Négrier. politiques régionales, dynamiques métropolitaines et performance institutionnelle: et si Clastres et Putnam avaient raison. Colloque international Associées ou rivales? Les métropoles, les régions et les nouvelles dynamiques territoriales, Oct 2011, Rennes, France. ⟨halshs-00660286⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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