De la " néologie syntaxique " à la néologie combinatoire - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Langages Année : 2011

De la " néologie syntaxique " à la néologie combinatoire

Résumé

La tripartition courante de la néologie (formel, sémantique, emprunt) est critiquable et critiquée de plusieurs points de vue. Certains linguistes ont ainsi fait valoir qu'un emprunt étant soit formel, soit sémantique, devait être classé dans une des deux autres catégories. Cette objection est contestable dans la mesure où la matrice externe qu'est l'emprunt s'oppose au bloc formé par l'ensemble des matrices internes, propres au système de la langue. Mais c'est surtout au sein de ces matrices internes qu'on relève fréquemment des lacunes. L'objectif de cet article est d'en étudier une. Il ne s'agit pas d'une création complète sans précédent dans l'histoire des théories linguistiques. Nous avons eu en effet la surprise de trouver formulée bien avant nous l'hypothèse d'une néologie qui joue sur la combinatoire. Le Dictionnaire Universel de Pierre Larousse la nomme néologie syntaxique (à côté de la néologie formelle et de la néologie sémantique) et certains chapitres de l'Histoire de la langue française de Ferdinand Brunot, traite de faits similaires. Nous voudrions montrer comment l'évolution de certains cadres théoriques dans les sciences du langage contemporaines permet d'affiner ce concept. Il se présente en fait sous deux formes. Dans la première, on constate un seul changement dans la rection, sans que le schéma argumentatif soit bouleversé. C'est par exemple le cas du passage d'une construction transitive directe à une construction transitive indirecte (vitupérer contre), ou encore à un changement de prépositions (rapprocher X à Y). L'autre forme est plus importante car elle modifie le schéma argumental, et les relations syntactico-sémantiques qu'il représente. On trouve par exemple des prédicats sous une autre catégorie grammaticale que celle conventionnellement en cours, comme l'indique parfois, mais pas systématiquement les dictionnaires : Le verbe prendre suivi d'un moyen de transport (prendre le bus) ne se présente ordinairement pas sous la forme nominale, ce que ne pouvaient ignorer les publicitaires qui ont inventé le slogan " La prise de train bénéficie à la santé de votre voiture ". On trouve aussi, sans qu'il y ait de métaphore volontaire des sujets non animés pour des prédicats qui n'appellent ordinairement que des premiers arguments animés. La théorie des classes d'objets donne un fondement scientifique à la catégorie posée intuitivement des " néologismes syntaxiques " : ce sont des innovations par rapport à la combinatoire conventionnelle telle qu'elle est ou devrait être consignée dans les dictionnaires (mais leurs informations sont souvent lacunaire). Elle ouvre également la voie à une détection automatique des néologismes syntactico-sémantiques par effraction aux règles distributionnelles consignées dans les dictionnaires électroniques de prédicats et d'arguments.
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  • HAL Id : halshs-00657280 , version 1

Citer

Jean-François Sablayrolles. De la " néologie syntaxique " à la néologie combinatoire. Langages, 2011, 183, pp.39-50. ⟨halshs-00657280⟩
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