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Communication dans un congrès Année : 2010

Du "quartier-territoire" aux "nouveaux territoires" : l'inscription territoriale dans les villes en guerre

Résumé

L'inscription spatiale de la guerre dans les villes ne se mesure pas seulement au prisme des ruines et des destructions, qui laissent des empruntes dans les paysages urbains. En effet, l'approche territoriale se trouve particulièrement opératoire pour comprendre les recompositions des liens sociaux et des pratiques spatiales des habitants dans les villes pendant la guerre et dans le long terme de la pacification. La géographe Elisabeth Dorier-Apprill a proposé le concept de " quartiers-territoires " pour expliquer la stratégie particulière des milices qui s'ancrent dans des quartiers contrôlés par la mise en place de check-points qui construisent une discontinuité territoriale entre un " dedans " et un " dehors ", défendus contre les acteurs " intrusifs " jugés comme " indésirables " dans le territoire approprié, et identifiés par des marqueurs spatiaux et symboliques. Une telle stratégie (qui s'oppose à celle des acteurs insurrectionnels qui ne repose pas sur l'appropriation d'un territoire doté d'une identité discursive) reconstruit les pratiques spatiales des habitants dans les villes en guerre, notamment en brisant la continuité spatiale dans leurs déplacements, mais également en transformant des logiques de distanciation inhérentes à la ville de l'immédiat avant-guerre en logique de différenciation (par des processus d'enclavement des habitants dans des territoires dans lesquels ils se sentent en sécurité). Ainsi, il est nécessaire de s'interroger sur les mobilités et les représentations spatiales des acteurs syntagmatiques et des habitants pour comprendre combien le " vivre ensemble " est mis à mal le temps du conflit. En quoi ces fragmentations urbaines (culturelles, sociales et/ou politiques) s'ancrent-elles dans le paysage urbain de l'après-guerre et dans l'imaginaire spatial des différents opérateurs spatiaux qui y vivent ou y agissent ? Cette proposition s'appuie sur des travaux empiriques et des réflexions menées dans le cadre d'une thèse de géographie sur les recompositions sociospatiales dans les villes en guerre, au prisme d'une approche comparative. On postule que la guerre recompose des territorialités spécifiques et on se propose d'en interroger la durabilité et les impacts sur le " vivre ensemble " dans l'après-guerre. A travers des exemples divers (principalement Abidjan, Beyrouth, Mitrovica et Sarajevo), il s'agit d'analyser le temps de l'immédiat après-guerre comme un défi posé aux acteurs de la pacification pour décloisonner des " quartiers-territoires " et reconstruire la ville comme un espace partagé par tous les habitants, alors même que le jeu des acteurs déstabilisateurs tend à renforcer les fragmentations territoriales comme des poursuites de la guerre dans le temps de la paix.

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halshs-00650718, version 1 (12-12-2011)

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  • HAL Id : halshs-00650718 , version 1

Citer

Bénédicte Tratnjek. Du "quartier-territoire" aux "nouveaux territoires" : l'inscription territoriale dans les villes en guerre. 2èmes Rencontres du Territoire : Les territoires, acteurs du changement (TTT 2010), Dec 2010, Grenoble, France. ⟨halshs-00650718⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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