Compositionnalité gestaltiste et construction du sens par instructions dynamiques. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue CogniTextes Année : 2010

Compositionnalité gestaltiste et construction du sens par instructions dynamiques.

Résumé

The omnipresence of polysemy in natural languages compels us to consider the comprehension of language as a dynamic process during which the meaning of each linguistic unit and the global meaning of the sentence are determined simultaneously. This interactive process, which may be called 'gestalt compositionality', is radically opposed to the classic compositional mechanism advocated by linguistic formalism based on the primacy of syntax. The process considers the syntactic structure of an utterance as the product of meaning construction rather than its source. The comprehension of an utterance is consequently directly based on the interaction between the different basic components of this utterance: lexical units, grammatical markers, positional relations between units and more generally, basic 'constructions' in the sense of Construction Grammar. To model this dynamic process is a major stake for any linguistic school which, like Cognitive Grammar or European Enuntiative Theories, refuses the principles of classic compositionality. In this article a theoretical framework is presented in which the dynamics of interaction obey a principle of Convocation-Evocation: the different basic components of an utterance contribute to building a global representation in an intersubjective space that we call Verbal Scene. Each component helps evoke a new element of the scene being built, but to do so, it first has to first convoke other elements present on the scene or present in the situation of interlocution. The principle of Convocation-Evocation makes up what defines the identity of a linguistic unit. We express this identity in terms of a dynamic instruction of meaning construction and we consider that every unit gives such an instruction. Thus, meaning is really the result of a gestalt compositional process insomuch as the contribution of each basic component depends on the contribution of the other components present in the utterance. We show a first attempt at modelization from French and English examples. We will discuss the special cognitive statuses of these verbal scenes arguing that the specificities of human languages are drawn from this representational function - 'representation' being understood not in the sense usually encountered in cognitive science, but in it's original latin etymom: repraesentare - to make present.
L'omniprésence de la polysémie dans les langues force à considérer la compréhension des énoncés comme un processus dynamique, dans lequel le sens de chaque unité linguistique se détermine en même temps que se construit le sens global de l'énoncé. Ce processus d'interaction, que l'on peut appeler compositionnalité gestaltiste, s'oppose radicalement au mécanisme de compositionnalité classique prôné par les formalismes linguistiques qui sont fondés sur la primauté de la syntaxe. Cela revient au contraire à considérer la structure syntaxique d'un énoncé comme un résultat de la construction du sens, et non plus comme son initiateur. La compréhension d'un énoncé repose donc directement sur le processus d'interaction entre les différents composants élémentaires de cet énoncé : unités lexicales, marqueurs grammaticaux, relations positionnelles entre unités, ou, plus généralement, constructions élémentaires au sens des grammaires de construction. Modéliser ce processus dynamique constitue un enjeu essentiel pour tous les courants linguistiques qui, comme les grammaires cognitives et les théories de l'énonciation, récusent le principe de compositionnalité classique. Nous présentons dans cet article un cadre théorique dans lequel la dynamique d'interaction obéit à un principe de convocation-évocation : les différents composants élémentaires d'un énoncé contribuent à construire une représentation globale dans un espace intersubjectif que nous appelons scène verbale. Chaque composant sert à évoquer un nouvel élément de la scène verbale en construction, mais pour ce faire, il doit d'abord convoquer d'autres éléments présents sur cette même scène ou dans la situation d'interlocution. Le principe de convocation-évocation constitue ce qui définit l'identité d'une unité linguistique. Nous exprimons cette identité sous la forme d'une instruction dynamique de construction du sens et nous considérons que toute unité linguistique donne une telle instruction. Ainsi, le sens est bien le résultat d'un processus de composition gestaltiste, puisque la contribution de chaque composant élémentaire dépend de la contribution des autres composants présents dans l'énoncé. Nous montrons à partir d'exemples français et anglais une première tentative de modélisation de ce processus. Nous discuterons aussi du statut cognitif tout à fait particulier de ces scènes verbales, en défendant l'idée que les spécificités du langage humain découlent de cette fonction de représentation dans un espace intersubjectif, le terme de représentation n'étant pas à prendre au sens habituel en sciences cognitives, mais au sens premier de son étymon latin : repraesentare = rendre présent.
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Dates et versions

halshs-00603757 , version 1 (27-06-2011)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00603757 , version 1

Citer

Gilles Col, Jeanne Aptekman, Stéphanie Girault, Bernard Victorri. Compositionnalité gestaltiste et construction du sens par instructions dynamiques.. CogniTextes, 2010, 5, pp.1-30. ⟨halshs-00603757⟩
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