Topicalisation, focalisation et constructions syntaxiques en français médiéval : des relations complexes - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2009

Topicalisation, focalisation et constructions syntaxiques en français médiéval : des relations complexes

Résumé

« Topicalisation, focalisation et constructions syntaxiques en français médiéval : des relations complexes » Il s'agit d'examiner, dans une perspective diachronique, topicalisation et focalisation en relation avec les constructions linguistiques susceptibles de les exprimer. Les notions de topicalisation et de focalisation sont définies comme des opérations pragmatiques liées aux notions de topique et de focus, le topique étant défini comme ce dont il est question, et le focus comme l'élément dont la mise en relation avec le reste de l'énoncé rend ce dernier informatif. Nous posons que, lorsqu'il formule un énoncé, bien souvent un locuteur choisit quelque chose dont il va parler, et quelque chose à en dire. Dans certains cas, le « topique » et/ou le « focus » sont rendus explicites et/ou mis en valeur par différents moyens linguistiques : nous parlerons pour cela de topicalisation et de focalisation. En français moderne, une même opération peut être réalisée par différents moyens linguistiques. Ainsi la topicalisation peut être exprimée par une construction passive, ou fréquemment, à l'oral, par ce que nous appellerons une construction détachée, illustrée par l'exemple suivant : 1) (Quant à) Paul, il a pris le train ce matin. La focalisation peut quant à elle être marquée par un pic prosodique (à l'oral seulement), par une construction clivée, ou bien encore par un ordre des mots marqué (car quantitativement minoritaire) : 2) Un paquet de gâteaux entier il a mangé pour son goûter . Si une même opération peut être exprimée par différentes constructions linguistiques, une même construction linguistique n'est utilisée que pour une opération, topicalisation ou focalisation : il n'y pas pas d'ambiguïté. La situation est plus complexe en ancien français, comme le montre l'examen des constructions détachées et des énoncés à objet nominal préverbal. Non seulement la valeur pragmatique de certaines des constructions connaît une rapide évolution, mais surtout, à une même époque, une même construction peut exprimer une topicalisation ou au contraire une focalisation. Ainsi, dans le même texte, le Roman de Thèbes (milieu du 12èmes.), on trouve à quelques vers de distance les deux énoncés suivants : 3) Ethïoclés, il est mes sire. 4) Ethïoclés, il est mes freres. Le contexte nous indique que le premier est à traduire par « mon seigneur, c'est Ethéocle », et le second par « Ethéocle, il est mon frère », c'est à dire que le premier correspond à une focalisation et le second à une topicalisation. L'absence d'informations précises sur l'intonation à cette époque met le linguiste moderne face à des constructions ambiguës, ce qui conduit à mettre en cause, pour cette période, la valeur d'explicitation initialement proposée pour les opérations de topicalisation et de focalisation. Montrant que la relation entre opérations pragmatiques et constructions linguistiques varie avec l'évolution historique du français, nous examinerons cette relation en termes de polysémie ainsi que dans le cadre des grammaires de construction .

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Dates et versions

halshs-00567244 , version 1 (21-02-2011)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00567244 , version 1

Citer

Sophie Prévost. Topicalisation, focalisation et constructions syntaxiques en français médiéval : des relations complexes. Les linguistiques du détachement, Jun 2006, Nancy, France. pp.427-439. ⟨halshs-00567244⟩
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