Aux origines de la culture matérielle des nomades de Mauritanie. Réflexions à partir des lexiques arabes et berbères
Résumé
Les observations ont été regroupées autour d'une série de thèmes d'inégale importance, qui touchent à la vie économique et matérielle. Il apparaîtra à quiconque, même peu familier des langues arabes et berbères, qu'il existe un faisceau très important de similitudes entre le vocabulaire du zénaga et celui du ḥassāniyya. Ces similitudes sont de divers types et, même lorsqu'il s'agit clairement d'emprunt ou de calque, la détermination de la langue source et de la langue cible est souvent difficile à élucider. Par ailleurs, on est là dans un domaine où, chaque mot ayant son histoire propre, l'analyse peut conforter des étymologies surprenantes ou mettre à jour des processus de dérivation formelle et/ou sémantique imprévisibles. Les phénomènes de parallélisme sémantique sont là pour montrer, mieux encore que les emprunts ou les calques, que les processus de dénomination sont, pour partie au moins, cognitivement motivés et qu'il est donc naturel que certains soient communs à des cultures proches — si proches qu'elles ont co-existé, non seulement chez des voisins, mais même chez des individus (notamment ceux, si nombreux sans doute au cours des siècles, qu'on peut qualifier de bilingues zénaga/ḥassāniyya).