Les " troubles " et les " ordres " : les guerres civiles et les institutions de la France dans la relazione de l'ambassadeur vénitien Pietro Duodo (1598)
Résumé
[ http://laboratoireitalien.revues.org/530 ]
Exceptionnelle tant par sa longueur que par la richesse de son contenu, la relazione que Pietro Duodo mit deux jours à lire devant le Sénat de la République de Venise, les 12 et 13 janvier 1598, alors que prenaient fin plusieurs décennies de guerres civiles, est une source précieuse et méconnue sur la France d'Henri IV. L'étude du manuscrit permet d'y voir un chaînon important entre la pensée juridique française et les milieux dirigeants vénitiens, quelques années avant le conflit entre la République et la papauté lors de l'Interdit de 1606-1607. À la faveur de la forme propre au genre de la relation d'ambassade, qui opère la synthèse de toutes les caractéristiques significatives d'un État, apparaît dans toute son évidence l'enracinement dans l'expérience des guerres civiles d'une historiographie qui tend à reconstituer et à refondre tout un ordre juridique. Se concentrant sur les effets de la guerre d'une part, sur les rapports entre Église, État et société d'autre part, et retournant systématiquement aux origines des institutions présentées, le texte fournit une analyse détaillée des pratiques et des règles normatives propres au gallicanisme et, plus largement, à un État qui emploie le plus grand soin à faire respecter ses prérogatives souveraines. Allant parfois jusqu'à traduire mot à mot des écrits fondamentaux des juristes et historiens gallicans (Pierre Pithou ou Étienne Pasquier), cette relation rédigée par un patricien parmi les plus influents et les plus respectés de la République montre notamment qu'il y a bien eu une forme de transmission, pour ainsi dire institutionnelle, de la pensée et de l'historiographie des "Politiques" et des gallicans à Venise.
Exceptionnelle tant par sa longueur que par la richesse de son contenu, la relazione que Pietro Duodo mit deux jours à lire devant le Sénat de la République de Venise, les 12 et 13 janvier 1598, alors que prenaient fin plusieurs décennies de guerres civiles, est une source précieuse et méconnue sur la France d'Henri IV. L'étude du manuscrit permet d'y voir un chaînon important entre la pensée juridique française et les milieux dirigeants vénitiens, quelques années avant le conflit entre la République et la papauté lors de l'Interdit de 1606-1607. À la faveur de la forme propre au genre de la relation d'ambassade, qui opère la synthèse de toutes les caractéristiques significatives d'un État, apparaît dans toute son évidence l'enracinement dans l'expérience des guerres civiles d'une historiographie qui tend à reconstituer et à refondre tout un ordre juridique. Se concentrant sur les effets de la guerre d'une part, sur les rapports entre Église, État et société d'autre part, et retournant systématiquement aux origines des institutions présentées, le texte fournit une analyse détaillée des pratiques et des règles normatives propres au gallicanisme et, plus largement, à un État qui emploie le plus grand soin à faire respecter ses prérogatives souveraines. Allant parfois jusqu'à traduire mot à mot des écrits fondamentaux des juristes et historiens gallicans (Pierre Pithou ou Étienne Pasquier), cette relation rédigée par un patricien parmi les plus influents et les plus respectés de la République montre notamment qu'il y a bien eu une forme de transmission, pour ainsi dire institutionnelle, de la pensée et de l'historiographie des "Politiques" et des gallicans à Venise.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt