L'impossible répression
Résumé
Les analyses récentes sur les protestations collectives ont mis en évidence le rôle crucial des interactions avec les forces de maintien de l'ordre : selon que la négociation ou la répression est privilégiée, ce sont à la fois l'État et les groupes qui jouent non seulement leurs modalités d'action mais aussi leur identité politique. Nous voudrions ici analyser un cas-limite, celui de la police de la République démocratique allemande confrontée aux manifestants de l'église Nikolaï le 9 octobre 1989. Cas-limite à tous égards, puisqu'il est l'exemple d'une confrontation en jeu tendue, où les solutions disponibles sont telles qu'elles n'offrent d'autres issues que la montée aux extrêmes (en clair : le bain de sang) ou la débandade généralisée (en clair : la fin du régime lui-même). Ce sera l'enjeu même de ce papier que de montrer que, à un moment historique particulier d'une dictature, l'intervention de la police ne peut que coïncider avec l'écroulement du régime – ou avec son évaporation même ; la police étant elle-même prisonnière d'un jeu, construit par l'histoire propre des modalités répressives du régime, où ne subsiste plus que la solution de l'exit.
Domaines
Science politique
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)