« Forme corvéable à merci » de Pierre Michon et « formes rompues » du « poème offensant » de René Char : plasticité du texte brutal - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2006

« Forme corvéable à merci » de Pierre Michon et « formes rompues » du « poème offensant » de René Char : plasticité du texte brutal

Résumé

Le rapprochement de deux formes différentes, la poésie et la prose, n'a rien d'artificiel, si on les envisage d'après leur « potentiel énergétique », si on relève en particulier la qualité poétique de la prose de Michon - qui a une dette envers Rimbaud - et certains textes de Char, caractérisés par la prolifération, le flux rythmé, notamment ceux qu'il consacre à Miró. Nous contribuons ici à une réflexion sur la brutalité en considérant le texte comme émergeant d'un fond, témoignant d'une pulsion brutale à l'origine d'une forme qui matérialise un geste consigné dans le texte. Au sein d'une réflexion sur les catastrophes de la représentation et sur la présence de la brutalité du réel dans le texte, nous envisageons celle-ci comme la matérialité du texte se donnant à voir, devenant sensible par son rythme, sa durée, la temporalisation qu'il permet de son approche. Par des moyens divergents, les auteurs atteignent un point de convergence, celui où le texte s'anime : l'espace discursif est traité comme espace plastique (par exemple en se caractérisant par l'expansion, la prolifération, la saturation ou au contraire la coupure, la rupture, la réduction). Le « potentiel énergétique de la prose » de Michon inaugure une « forme corvéable à merci », materia prima empreinte de négativité, qui creuse l'espace de l'origine, origine du monde (titre initial de La Grande Beune), de l'écriture, du sujet. Alors, l'écrivain fait de ce rien une vertu, le signe peut-être de son imposture mais surtout de sa souveraineté. Ni prose, ni poésie, le texte est énergie, scansion, pulsion. Ainsi, un travail souterrain qui affleure le texte laisse pressentir une définition de la brutalité comme instrument de déclassement, pourfendant les identités et sollicitant les négations, contradictions, inversions. Les interférences des systèmes de représentation s'en trouvent stimulées. Nous pouvons ainsi envisager une double définition de la plasticité du texte : elle signifie d'une part l'invalidation du visible extérieur comme référence de la représentation et d'autre part l'invalidation du lisible envisagé exclusivement et de façon réductrice comme le produit et l'outil de la compréhension d'un sens. S'il existe une brutalité, elle est peut-être dans ce contact avec une intériorité du texte faisant figure, figure pathétique, forme perpétuellement faite et défaite. Char comme Michon retrouvent le « fond noir de l'énonciation », par le biais d'une déconstruction - du récit, du poème, voire du recueil.

Domaines

Littératures
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00517522 , version 1 (14-09-2010)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00517522 , version 1

Citer

Mireille Raynal-Zougari. « Forme corvéable à merci » de Pierre Michon et « formes rompues » du « poème offensant » de René Char : plasticité du texte brutal. Brutalité et représentation, L'Harmattan, "Champs visuels ", pp.133-147, 2006, 2-296-00943-3. ⟨halshs-00517522⟩
93 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More