Grammaire d'une relation amicale asymétrique dans une société d'ordres - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Theatrum historiae Année : 2009

Grammaire d'une relation amicale asymétrique dans une société d'ordres

Résumé

Virtue and utility are the two concepts the Ancients used to define friendship. Modern conception expects more individual kinship, as expressed by Montaigne in a radical way: “parce que c'était lui, parce que c'était moi”. In “Old regime” societies, the contradictory ways how asymmetric social relations could use an egalitarian discourse bear the very nature of this relation. The paper analyses this contradiction through the case of a complex friendship between two men: count of Hartig (Bohemia, 1758-1797) and his physician Jean-Philippe de Limbourg (Spa, 1726-1807). Their relation had got several levels. It was born in one of these “laboratories” for asymmetric relations regulated by civility (in the city of Spa). Their friendship benefited from their common interests (reading, writing, activity in public and political life) and from their mutual interests (on the one hand, Limbourg helped Hartig with publishing his books and allow him to enter scholar circles; on the other hand, Hartig may have been useful for Limbourg as an intermediary to reach the Viennese government circles). Their friendship was also built on Hartig's strong dependence on his physician. This friendship was permanently seeking for a properly balanced language: Hartig must manage to pay punctually but no too much Limbourg's services; Limbourg's deference (due to a count) is so solid that it can be derided without any danger.
Si la vertu et l'utilité sont les deux pôles fondamentaux que les Anciens ont reconnus à l'amitié, les modernes attendent d'elle une proximité individuelle exprimée par Montaigne d'une façon radicale dans le célèbre « parce que c'était lui, parce que c'était moi ». Dans les sociétés d'ancien régime, lorsque l'asymétrie d'une relation sociale utilise pour s'exprimer le langage de l'amitié, c'est-à-dire un discours égalitaire, la contradiction témoigne de la nature de la relation elle-même. Nous examinons cette contradiction et ses ressorts à travers le cas des liens complexes établis entre deux hommes du XVIIIe siècle européen : le comte de Hartig et son médecin Jean Philippe de Limbourg. Sans leur prêter ni cynisme calculateur, ni illusion naïve, il s'agit de déterminer les conditions de leurs relations qui se jouent à plusieurs niveaux. Nées dans un lieu propice aux échanges asymétriques réglés par la civilité mondaine (la station thermale de Spa), leur amitié conjugue intérêts communs (lecture, écriture, action dans vie publique et pour la politique), intérêts mutuels (Hartig écrivain amateur envers Limbourg son correcteur et intermédiaire avec les milieux érudits, Limbourg envers Hartig qu'il tente de prendre pour intermédiaire pour faire connaître son opinion auprès des cercles gouvernementaux), et dépendance (de Hartig malade envers son médecin). Le langage de cette amitié est en permanente tension et cherche sa bonne mesure : les émoluments et présents de Hartig à Limbourg sont aussi ponctuels que mesurés ; la déférence est si établie qu'elle peut être sans danger sujette à dérision.

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halshs-00467526 , version 1 (26-03-2011)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00467526 , version 1

Citer

Claire Madl. Grammaire d'une relation amicale asymétrique dans une société d'ordres. Theatrum historiae, 2009, 4, pp.75-90. ⟨halshs-00467526⟩
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