Les scholastiques dans la correspondance du patriarche Sévère d'Antioche (512-518)
Abstract
La correspondance de Sévère d'Antioche (? 465-538) nous est parvenue principalement en tradition syriaque, sauvée de la censure chalcédonienne, dans la seconde moitié du VIe s., par des scribes jacobites soucieux de consigner des solutions disciplinaires, alors que se constituait en Orient leur Église dissidente. Elle témoigne cependant d'une réalité institutionnelle et sociale antérieure, celle des années 512-518, puisque le patriarche avait situé son action dans le cadre strict de l'Église impériale. Elle présente aussi un grand intérêt prosopographique. À ce double point de vue, on peut remarquer que les scholastiques, juristes souvent attachés aux chancelleries locales ou à celle d'Antioche, tant clercs que laïques, y occupent une place privilégiée. On doit sans doute rapprocher ce fait de la formation professionnelle de Sévère lui-même, et peut-être aussi d'un processus en cours de codification du droit ecclésiatique, qui va de pair avec l'affirmation de l'autorité patriarcale dans le diocèse d'Orient. Le rôle intellectuel de l'École de Béryte semble ici sous-jacent. La complexification des administrations et de la législation confère enfin à cette catégotie socio-professionnelle intermédiaire une importance croissante, au sein de la société, et une place de choix dans les réseaux d'influence et d'amitié tissés par Sévère.