Microcosmes urbains et ottomanité. Echelles d'appartenance territoriale et identité dans les villes du Maghreb XVIe-XVIIIe siècles
Résumé
La question de l'ottomanité des villes du Maghreb entre XVIe et XVIIIe siècles a été l'objet au cours des dernières années d'importantes avancées épistémologiques. Dans un mouvement de mise en relation des études sur cette région avec les grandes tendances d'une histoire ottomane en plein renouveau, on est peu à peu parvenu à se départir de la prégnance des paradigmes quelque peu rigides hérités des périodes précédentes de l'histoire des études maghrébines. Vu l'importance ensuite des connaissances sur la période concernée dans l'interprétation du crucial XIXe siècle, ce mouvement est salutaire. Comment en effet interpréter la confrontation avec la modernité si les fondements de ce qu'il y avait auparavant, l'ancien régime ottoman pourrait-on dire, sont mal connus et objets d'a priori réducteurs hérités des historiographies tant coloniale que nationaliste ?
Ce processus de réinterprétation et de réévaluation des modalités d'appartenance du Maghreb à l'Empire, particulièrement pour le cas des villes, a commencé par les domaines de l'administration. Déclinaisons de la suzeraineté, subtilités de la nomenclature pour l'échelon supérieur, puis relations des instances de gouvernement local urbain par les notables avec la sphère impériale. Dans d'autres domaines, on a de même réévalué la nature des relations fiscales, militaires et diplomatiques.
Sur ces bases, il semble bon aujourd'hui d'envisager une approche qui prenne en compte d'autres dimensions de la complexe relation entre villes du Maghreb ottoman et Empire ottoman. L'Empire, et cela les études ottomanes les plus récentes ne cessent de le démontrer, n'est par ailleurs en rien une entité figée. Il convient donc aussi, si l'on prétend avoir une image plus dynamique de la situation maghrébine, d'en intégrer une également dynamique d'un appareil impérial en rien monolithique.
Les études maghrébines ont par ailleurs longtemps souffert d'une segmentation entre villes différentes à chaque fois conçues comme uniques. Une attention aux archives centrales de l'Empire à Istanbul, pour les affaires provinciales et urbaines, permet de sortir de ce travers en prenant en considération une réalité plus large. Dans ces archives, les lettres issues de l'administration urbaine de Tunis jouxtent celles venant de Tripoli ou d'Alger (mais aussi souvent de Salonique, d'Izmir ou de Baghdad). Le même bureau à Istanbul les recevait et les traitait. Il existe donc bel et bien une échelle impériale de gouvernance urbaine, dont l'essence était de trouver les modalités d'une accommodation entre exigences impériales et autonomie des notables urbains auxquels était concédée une part importante de l'administration urbaine.
Les notions de microcosme et d'échelle d'appartenance, appliquées à la réalité urbaine maghrébine de la période considérée devraient pouvoir permettre de prendre part au mouvement contemporain de renouveau historiographique sous un angle pertinent.
Ce processus de réinterprétation et de réévaluation des modalités d'appartenance du Maghreb à l'Empire, particulièrement pour le cas des villes, a commencé par les domaines de l'administration. Déclinaisons de la suzeraineté, subtilités de la nomenclature pour l'échelon supérieur, puis relations des instances de gouvernement local urbain par les notables avec la sphère impériale. Dans d'autres domaines, on a de même réévalué la nature des relations fiscales, militaires et diplomatiques.
Sur ces bases, il semble bon aujourd'hui d'envisager une approche qui prenne en compte d'autres dimensions de la complexe relation entre villes du Maghreb ottoman et Empire ottoman. L'Empire, et cela les études ottomanes les plus récentes ne cessent de le démontrer, n'est par ailleurs en rien une entité figée. Il convient donc aussi, si l'on prétend avoir une image plus dynamique de la situation maghrébine, d'en intégrer une également dynamique d'un appareil impérial en rien monolithique.
Les études maghrébines ont par ailleurs longtemps souffert d'une segmentation entre villes différentes à chaque fois conçues comme uniques. Une attention aux archives centrales de l'Empire à Istanbul, pour les affaires provinciales et urbaines, permet de sortir de ce travers en prenant en considération une réalité plus large. Dans ces archives, les lettres issues de l'administration urbaine de Tunis jouxtent celles venant de Tripoli ou d'Alger (mais aussi souvent de Salonique, d'Izmir ou de Baghdad). Le même bureau à Istanbul les recevait et les traitait. Il existe donc bel et bien une échelle impériale de gouvernance urbaine, dont l'essence était de trouver les modalités d'une accommodation entre exigences impériales et autonomie des notables urbains auxquels était concédée une part importante de l'administration urbaine.
Les notions de microcosme et d'échelle d'appartenance, appliquées à la réalité urbaine maghrébine de la période considérée devraient pouvoir permettre de prendre part au mouvement contemporain de renouveau historiographique sous un angle pertinent.
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