Russell, les "sense data" et les objets physiques: une approche géométrique de la notion de classification. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2008

Russell, les "sense data" et les objets physiques: une approche géométrique de la notion de classification.

Sébastien Gandon

Résumé

This article aims at setting up a link between Russell's work on the foundations of geometry and his notorious articles on perception, matter and sense-data published between 1910 and 1914. We firstly stress the fact that a russellian sense-datum is not a mental event : in The Problems of Philosophy, sense-data are as external to the mind as any physical thing. We next analyze the 1912 unpublished paper On Matter in which Russell, for the first time, attributes two positions, instead of one, to a sense-datum : a place from which it is seen and a place where it is seen. This theoretical change allows Russell to regard the sense-datum as a neutral point of intersection of two differents classes : a series of physical events and a series of mental perspectives. The very idea that a same thing can be sorted according to different categories, and thus that the aristotelian mode of classification in genus and species is not the only one, is both the keystone of the 1914 theory of the relations between sense-data and physical things and the kernel of the subsequent rallying to « neutral monism ». We claim, in a third section, that this idea is itself an echo of the way Russell defines the projective geometry as a general theory of incidence relations, or as a general theory of cross-classification, in The Principes of Mathematics (1903).
L'article vise à établir un lien entre les travaux de Russell sur les fondements de la géométrie et ses célèbres textes des années 1911-1914 sur la perception, la matière et les sense-data. Nous insistons d'abord sur le fait que la notion russellienne de donnée sensorielle n'est pas phénoménaliste : les sense-data des Problèmes de Philosophie sont des objets extérieurs aussi peu mentaux que les corps matériels. L'accent est ensuite mis sur l'article On Matter : Russell y introduit pour la première fois l'idée que les sense-data n'ont pas une, mais deux positions – une position où ils sont vus et une position d'où ils sont vus. Cette manœuvre permet à Russell de considérer la donnée sensorielle comme le point d'intersection neutre de deux ensembles fondamentalement différents : une série « physique », matérielle, et une série de « perspectives », mentales. L'idée qu'une même chose peut être classer sous différentes catégories, donc que le mode de classification aristotélicien en espèce et en genre n'est pas le seul concevable, est à la fois la clé de voûte de la théorie des relations entre « sense-data » et « physical thing » de 1914 et le nerf du ralliement ultérieur au « monisme neutre ». Nous défendons, dans une troisième partie, que ce canevas n'est lui-même qu'un lointain écho de la conception de la géométrie projective comme théorie générale des relations d'incidence, ou encore comme théorie générale de la « cross-classification », développée par Russell, dans The Principles of Mathematics (1903).

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  • HAL Id : halshs-00296596 , version 1

Citer

Sébastien Gandon. Russell, les "sense data" et les objets physiques: une approche géométrique de la notion de classification.. 2008. ⟨halshs-00296596⟩
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