Le bricolage africain des héros chrétiens
Résumé
Il fut un temps — pas si lointain — où les initiatives syncrétiques des peuples colonisés d'Afrique noire, en matière de religion, suscitaient des réactions de rejet pouvant aller jusqu'à la persécution. Les pères européens des églises missionnaires dénonçaient ces «messes noires» qui osaient récupérer à des fins magiques et fétichistes les symboles sacrés de la liturgie chrétienne. Face à une différence culturelle aussi marquée, une certaine cohabitation n'était pas impensable, et la complicité des bons pères par rapport au petit jeu de l'alternance entre pratiques païennes et pratiques chrétiennes reste un fait notoire. Mais le mélange, lui, a toujours été intolérable. Un tel contresens trahit
— bien plus que la vie en double (la consultation des fétiches et la fréquentation parallèle de la messe) sur laquelle on pouvait fermer les yeux — l'échec flagrant de l'évangélisation. Le recul historique permet d'observer que la répression exercée par l'administration coloniale a souvent encouragé paradoxalement l'identification des faux prophètes à la posture du martyr et précipité l'appropriation indigène de la figure du Christ.
— bien plus que la vie en double (la consultation des fétiches et la fréquentation parallèle de la messe) sur laquelle on pouvait fermer les yeux — l'échec flagrant de l'évangélisation. Le recul historique permet d'observer que la répression exercée par l'administration coloniale a souvent encouragé paradoxalement l'identification des faux prophètes à la posture du martyr et précipité l'appropriation indigène de la figure du Christ.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)