L'animation de l'embryon humain et le statut de l'enfant à naître dans la pensée médiévale  - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2008

L'animation de l'embryon humain et le statut de l'enfant à naître dans la pensée médiévale 

Résumé

This article examines the medieval discussions by philosophers, theologians and lawyers about the status of the unborn child and the moment and circumstances of its animation, and explores the moral, legal and spiritual implications of these debates. From the 12th century onward, mainstream opinion held that the soul was created and infused by God. Four moments were considered for infusion: conception, formation, movement and birth. The second of these moments was and remained by far the most widely upheld. The reception of Aristotle's natural philosophy in the beginning of the 13th century, led medieval scholars to portray animation no longer as a sudden event, but as a physiological and gradual process, which starts at conception, even though the embryo is, at that point, not yet a human being with an intellectual human soul. The article demonstrates that there was no homogeneous position on the embryo. Two approaches coexisted and sometimes interacted: the first considered the embryo with respect to its access to legal personhood, the second focussed on its humanity, and thus on the presence of a rational, human soul. These approaches were combined to explain that the unborn child is a human being well before its birth, but can only inherit or transmit, or receive baptism once born, and on the condition of having lived at least a moment. The debates about abortion and its equation with homicide, and about the burial of women who had died in childbirth in consecrated ground and the necessity of performing cesarian section on them, reflect the ambiguities produced by these conflicting approaches to the unborn child.
L'article examine les discussions des médecins, philosophes, théologiens et juristes médiévaux sur le statut de l'embryon et le moment et les modalités de son animation et explore les implications morales, juridiques et spirituelles de ces débats. Dès le XIIe siècle, l'opinion commune considère que l'âme est créée et infusée par Dieu. Quatre moments sont envisagés pour l'infusion : conception, achèvement de la forme, apparition du mouvement, naissance. Le deuxième est, et restera, le plus répandu. La réception d'Aristote, au début du XIIIe siècle, conduit à concevoir l'animation non plus comme un événement soudain, mais comme un processus physiologique et progressif qui commence dès la conception, même si l'enfant à naître n'est alors pas encore un être humain, doté d'une âme intellectuelle.
L'article montre qu'il n'existe finalement pas de position homogène sur l'enfant à naître. Deux types d'approches coexistent : l'une envisage l'embryon à l'aune de son accès à la personnalité juridique, l'autre s'intéresse à son humanité, et donc à la présence de l'âme rationnelle. Les raisonnements se combinent pour expliquer que l'enfant à naître est un être humain bien avant sa naissance, mais qu'il ne peut hériter ou transmettre, ni recevoir le baptême qu'une fois né, et à condition d'avoir vécu au moins un instant. Ces logiques ne sont cependant pas étanches, comme le montre les débats autour la possibilité d'enterrer la femme morte en couche en terre consacrée et, surtout, le cas de l'avortement. Les juristes civilistes médiévaux s'écartent de la position du droit romain classique qui refuse, sous inspiration stoïcienne, toute existence propre à l'enfant à naître. Les civilistes médiévaux considèrent, comme les théologiens et les canonistes, l'avortement comme un homicide à partir du moment où l'embryon est formé, et donc animé. L'animation à la conception reste en revanche une position très minoritaire tout au long du Moyen Âge, en raison surtout de la doctrine du péché originel qui prive l'enfant mort sans baptême du salut. Sur le moment de l'animation, la position de l'Église occidentale diffère sensiblement de celle de l'Église orientale (qui ignore le péché originel), mais aussi de celle actuelle du Vatican.
Fichier principal
Vignette du fichier
animation_de_l_embryon_van_der_lugt.pdf (315.92 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...

Dates et versions

halshs-00175587 , version 1 (15-06-2010)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00175587 , version 1

Citer

Maaike van der Lugt. L'animation de l'embryon humain et le statut de l'enfant à naître dans la pensée médiévale . L'animation de l'embryon humain et le statut de l'enfant à naître dans la pensée médiévale, 2005, Paris, France. pp.234-254. ⟨halshs-00175587⟩
549 Consultations
4719 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More