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Chapitre d'ouvrage Année : 2007

Secteur privé et pouvoir politique en Égypte : entre réformes économiques, logiques rentières et autoritarisme néo-patrimonial

Résumé

Depuis 20 ans et la mise en place des premiers programmes d'ajustement structurel dans le monde arabe, la science politique américaine (plus précisément « l'économie politique » qui dans son acception anglo-saxonne est la discipline qui s'intéresse au croisement des champs politique et économique), se pose la question de savoir dans quelle mesure la croissance du secteur privé est de nature à affecter le mode de fonctionnement de régimes caractérisés par une primauté du politique et à correspondre à la montée en puissance, d'une « bourgeoisie » capable de peser dans un rapport de forces avec les bureaucraties étatiques. Pour ce faire, elle s'est interrogée sur la manière dont les réformes économiques ont affecté les relations entre les gouvernants et les élites économiques, ainsi que la distribution des ressources économiques au sein des « coalitions gouvernantes ».
D'aucuns, dans leurs premiers travaux, ont vu dans le développement du secteur privé l'émergence d'un acteur autonome susceptible de pousser les États arabes, dont l'Égypte, premier pays à avoir lancé une politique d'ouverture économique (infitah), à se démocratiser. Ainsi les « États néo-patrimoniaux » de la région soumis aux pressions internationales de la nouvelle orthodoxie du développement contiendraient en leur sein les germes de leur destruction parce que le processus de réforme créerait de manière mécanique un acteur social nouveau – un groupe d'hommes d'affaires autonomes – remettant en cause les fondements patrimoniaux du pouvoir . Cet espoir a été rapidement déçu. La crise du modèle nassérien qui a conduit l'Égypte de Sadate à proclamer l'ouverture économique et à reconnaître une nouvelle légitimité au secteur privé n'a pas permis l'émergence d'une bourgeoisie capable d'avoir une action politique représentant et servant les « intérêts » du groupe dans un espace public. La nature particulière des relations entre la bureaucratie et les hommes d'affaires aurait ainsi poussé ces derniers à concentrer leur énergie sur leurs liens avec l'appareil d'État – au détriment de la recherche de rentabilité de leurs affaires – afin d'obtenir des ressources pour leurs sociétés ou d'assurer des marchés à leurs produits. D'aucuns appellent la forme de capitalisme dans lequel s'inscrit ce type de relations entre hommes d'affaires et bureaucratie, le crony capitalism (le « capitalisme des copains »)
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halshs-00147625, version 1 (18-05-2007)

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  • HAL Id : halshs-00147625 , version 1

Citer

Eric Gobe. Secteur privé et pouvoir politique en Égypte : entre réformes économiques, logiques rentières et autoritarisme néo-patrimonial. G.D. Khoury et N. Méouchy. États et sociétés de l'Orient arabe en quête d'avenir 1945-2005. Dynamiques et enjeux, II, Geuthner, p. 253-265, 2007. ⟨halshs-00147625⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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