Les “ deux âmes ” séparées. Ambivalence de la papauté dans l'œuvre de Giovanni Botero
Résumé
Les deux faces, spirituelle et temporelle, de la souveraineté papale ne sont pas envisagés dans le même texte de Botero et donnent lieu à deux écrits spécifiques et distincts. Dans la partie spécifiquement géopolitique des Relazioni universali, qui entend donner la mesure des forces et de la puissance de tous les États du monde, la relation consacrée au “ Pontife romain ” envisage celui-ci presque exclusivement en tant que “ Pasteur universel de l'Église ”, et reste particulièrement peu loquace sur l'État du pape lui-même. Quelques années plus tard, Botero fait paraître à Rome un Discours concernant l'État de l'Église, dans lequel seule la réalité temporelle et territoriale de la papauté est analysée. Pourquoi l'auteur gardait-il les deux aspects distincts ? Une telle séparation ne concorde pas avec la thèse de l'historien P. Prodi selon qui, depuis la Réforme et jusqu'à la fin de la Contre-Réforme, la caractéristique principale de la papauté était la fusion complète de ses “deux âmes”, religieuse et politique. C'est la logique même des Relazioni universali qui implique d'évacuer rapidement la question du pouvoir temporel du pape sur son propre État, pour se concentrer sur l'universalité du pouvoir papal. Celle-ci est définie en trois temps : doctrine du pouvoir indirect du pape dans le temporel lorsque le spirituel est en cause ; caractère absolu du pouvoir du pape sur l'Église ; rôle suprême du pape dans les relations internationales, à travers les trois figures du pape-suzerain, du pape-arbitre et du pape-rassembleur. L'analyse précise du langage de Botero fait apparaître une politisation frappante de la figure du pape et de la définition de son pouvoir spirituel.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)