Les enfants des rues et le problème du Sida au Cambodge. Parcours féminins, parcours masculins - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue du GREJEM Année : 2002

Les enfants des rues et le problème du Sida au Cambodge. Parcours féminins, parcours masculins

Anne Yvonne Guillou

Résumé

On estime la prévalence du VIH en 1999 à 1 ou 1,5 % de la population cambodgienne totale. L'épidémie ressemble à celle de Thaïlande, plus tôt commencée et donc documentée, avec un taux d'infection moyen des prostituées de maisons closes (1998) à 42 % et des groupes de clients tels les militaires et les policiers infectés à 6 % et 8 %. Le but de la recherche-action (Family Health International-Impact Cambodia/Friends Mit Samlanh/CNRS) présentée ici était d'étudier un groupe potentiellement à risque, bien qu'"oublié" des enquêtes épidémiologiques, les enfants des rues. La recherche qualitative, par entretiens, a porté sur la vie sociale, affective et sexuelle (avec une évaluation de leurs activités prostitutionnelles éventuelles) de 104 enfants, garçons et filles, âgés de 11 à 18 ans et résidant à Phnom Penh. Les résultats montrent qu'il faut distinguer clairement les "carrières" des filles et des garçons selon leur âge.
Les filles de plus de 15 ans, au terme d'un événement initial qui est le rapport sexuel hors mariage (souvent dans une cadre d'un viol), faisant d'elles des "filles perdues" (srey khoch) rompent pour un temps les relations avec leur familles et deviennent filles de bar, prostituées occasionnelles ; activité qui leur permet souvent d'envoyer de l'argent à leur famille. Elles ne sont plus dans la rue après 15 ans. Leur vie sentimentale est multiforme ("maris", amis, clients privilégiés). Les plus jeunes, passant la majeure partie de leur temps dans la rue où elles exercent de petits métiers sont exposées au risque d'agression et n'auront guère d'alternative, si des mesures ne sont pas prises ou si le marché de l'emploi n'évolue pas, que suivre le chemin de leurs aînées. Les garçons quant à eux rompent plus catégoriquement avec leur famille car ils ne sont plus à même de supporter la pression qui pèsent sur leurs épaules pour subvenir aux besoins des leurs. Après 15 ans, ils vivent entièrement dans la rue tandis que les plus jeunes travaillent dehors le jour et le soir (mendiants, cireur de chaussures, pèse-personne ambulant, chiffonniers) mais rentrent souvent dans leur foyer la nuit. Les grands vivent en bandes au sein desquelles la confiance est limitée. Exposés à des violences et au vol de leurs maigres économies (gangs, policiers), ils peuvent être amenés à se prostituer en cas de dénuement. Cela concerne la moitié de ces adolescents. Des motos-taxis, des chiffonniers qui sillonnent la ville peuvent jouer le rôle d'intermédiaire avec les clients (occidentaux ou asiatiques, et non locaux). La vie sentimentale des garçons est moins riche que celle des filles car leur statut social leur interdit l'accès aux filles "ayant un foyer" (srey neuo knong pteah). Ils se contentent de virées (parfois sous la pression de leur bande) chez les prostituées. L'enquête évalue aussi l'exposition au VIH en fonction de ces trajectoires, de la connaissance en matière de VIH et des MST des enfants et de leurs pratiques de prévention. Dans ce domaine également, les comportements des garçons et des filles sont différents.
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  • HAL Id : halshs-00139123 , version 1

Citer

Anne Yvonne Guillou. Les enfants des rues et le problème du Sida au Cambodge. Parcours féminins, parcours masculins. Revue du GREJEM, 2002, 1, pp. 29-41. ⟨halshs-00139123⟩
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