La chute du -s en tibétain de l'est - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2006

La chute du -s en tibétain de l'est

Résumé

La consonne finale –s du tibétain ancien se maintient à l'ouest du Tibet (Ladakh, Baltistan), mais a disparu complètement dans les dialectes de l'est, qu'ils soient Amdo, Kham ou hétérodoxes. Par exemple, dans le dialecte Amdo de bLabrang (Gesang 1999 : 281-2), l'ensemble des rimes de type [voyelle + s] se sont confondues en la voyelle antérieure i ; de même, dans le dialecte de Zhongu (Sun 2003 : 790), -as -es -os se sont confondues en i tandis que les rimes à voyelles hautes-us -is sont passées à ə. Toutefois, ces changements sont relativement récents, car aussi bien les transcriptions du Xifan yiyu (Sun 1997, Sun 2002 : 92) que les emprunts dans des langues ayant maintenu le –s final attestent de sa présence. Sur la base de notre analyse des couches d'emprunts du tibétain en rgyalrong japhug (Jacques 2004 : 83-200), langue ayant préservé la consonne –s finale, nous allons montrer que cette chute ne s'est pas produite de façon uniforme. Dans la plupart des couches d'emprunt, tous les –s sont maintenus mais on trouve quelques rares cas de –s passés à –j ou à –i en formant une diphtongue, préservant un stade intermédiaire du passage de [voyelle + s] à i dans les dialectes Amdo : ainsi tshos « teinture » se retrouve sous la forme tshwi, nas-‘bru-ma « (bol) à grain d'orge » devient nɤjmbrɯma.
Par ailleurs, on trouve un dissyllabe tɕhɤjlɯs« coutume » emprunté au tibétain chos-lugs. D'après le principe de cohérence (Sagart et Xu 2002), ces deux syllabes doivent appartenir à la même couche. Or, comme le –s y a un traitement différent dans la première et la seconde syllabe, cela indique que dans certains dialectes tibétains de la région, la chute du –s s'est effectuée plus tard dans les groupes –gs finaux que quand le –s était une finale simple. Il ne peut pas s'agir d'un changement de –s à –j affectant les premières syllabes de dissyllabes à l'intérieur du japhug, car ce type de changement n'est pas attesté dans les composés natifs de cette langue. La préservation plus longue des –s finaux dans les groupes [occlusive+s] a un parallèle typologique en chinois (Pulleyblank 1978), où les *–s finaux venant d'anciens *-ts ont disparu plus tard que les *–s simples.

Domaines

Linguistique
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halshs-00138569 , version 1 (26-03-2007)

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  • HAL Id : halshs-00138569 , version 1

Citer

Guillaume Jacques. La chute du -s en tibétain de l'est. 2006. ⟨halshs-00138569⟩
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