L'Ekphrasis chez Elizabeth Bishop : du tableau aux hors cadres. - HAL Accéder directement au contenu
Pré-publication, Document de travail Colloque SAIT<br />« Cadres, cadrages, encadrements »<br />"Frames and Framing", Institut du Monde Anglophone, Université Paris III; 17 et 18 mars 2006 Année : 2006

L'Ekphrasis chez Elizabeth Bishop : du tableau aux hors cadres.

Résumé

À travers l'étude de deux poèmes d'Elizabeth Bishop consacrés à des tableaux familiaux peints par un grand oncle, je tenterai de montrer comment les notions de cadres et de cadrages sont inhérentes à son écriture poétique, autant au sens littéral que métaphorique.
En effet, la dialectique de l'intérieur et de l'extérieur, du cadre et du hors-cadre, ainsi que la question d'une limite, d'une délimitation, d'une surface limitrophe entre le sujet et le monde extérieur est récurrente dans sa poésie et se reproduit en filigrane tout au long de son corpus. Un corpus qui s'inscrit lui-même, à travers un procédé de mise en abyme, dans une série de cadres : le livre, les différents recueils, les chapitres, la page, le poème et l'intérieur du poème. Chez Bishop, le poème est tour à tour une fenêtre fermée qui réfléchit comme un miroir ou encore une fenêtre ouverte sur un point de vue, un cadrage qui nous permet de voir à l'intérieur du sujet par le biais de l'extérieur, et d'entre apercevoir un hors champ.
De plus, si les figures des fenêtres, des miroirs, des portes, des ouvertures, des corps de bâtiment, des maisons ("frame" = charpente, bâtir), des corps humains ("frame" = ossature, squelette), se succèdent à travers des espaces poétiques qui sont autant de tableaux, les poèmes mêmes tracent des colonnes, des ossatures, des cadres noirs en travers de la page blanche. Dans la poésie d'Elizabeth Bishop le terme anglais « line » résonne dans sa polysémie : les lignes formées par les vers (”lines”) sont aussi les lignes qui dessinent, comme en peinture, les traits d'un visage (“lines”), les contours des corps évoqués par l'écriture poétique ainsi que les lignes littérales ou métaphoriques du corps du sujet poétique. Enfin, ce sont les lignes qui délimitent le cadre du poème, et qui l'encadrent.
C'est ainsi que les poèmes «Large Bad Picture» (North and South, 1946) et «Poem», (Geography III, 1976), nous font pénétrer à l'intérieur de poèmes-tableaux dans lesquels les attributs du peintre et du poète se mélangent et dépassent parfois la limite du cadre du tableau, de la forme stricte poétique et de la page. Ces deux poèmes-ekphrasis nous permettent alors de réfléchir non seulement à la notion de cadrage comme délimitation d'un point de vue et d'un champ de vision d'un tableau dans une perspective diachronique (1946-1976), mais aussi à la notion de cadre comme limite de soi et du medium artistique : l'écriture poétique.
Je m'inspire de l'approche psychanalytique proposée par Didier Anzieu, (Le Moi-peau, Le Corps de l'œuvre), ainsi que de mes lectures de critiques littéraires sur Elizabeth Bishop et sur la poésie contemporaine et post-moderne.
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Dates et versions

halshs-00088415, version 1 (02-08-2006)
halshs-00088415, version 2 (07-08-2006)

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  • HAL Id : halshs-00088415 , version 2

Citer

Marie Mas. L'Ekphrasis chez Elizabeth Bishop : du tableau aux hors cadres.. 2006. ⟨halshs-00088415v2⟩

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