L'extension de l'espace hydraulique du Haouz Central
Résumé
Paul Pascon disait de la ville de Marrakech qu'elle avait une situation idéale, lui permettant de surveiller l'ensemble de l'Atlas et de faire converger, dans la plaine sub-aride du Haouz, le flux de toutes les vallées de montagne : hommes, produits et eaux . Depuis la construction des premières khettara , au XIIème siècle, et plus particulièrement avec le développement des grandes séguia , la cité profite du château d'eau que représentent les montagnes du Haut Atlas : par le biais de l'hydraulique, la montagne est devenue le prolongement de la plaine.
L'objet de cette communication sera de présenter l'évolution spatiale du réseau d'eau (pour un usage domestique ou pour l'agriculture) de la ville et de sa huerta, le Haouz. Son extension spatiale, fruit de diverses stratégies politiques et de développement, joue en effet un rôle tout particulier sur l'organisation sociale des vallées atlasiques. Le développement de l'irrigation par le makhzen sur le piémont, a amené les sociétés montagnardes à s'organiser verticalement, le long de l'oued, en unités spécialisées : les terres de plaine étant occupées par les cultures, la tanshumance a dû orienter différemment ses déplacements, transversalement et en remontant l'oued, repoussant ainsi la forêt. Les différents groupes, ou fractions, présents le long de la vallée, se sont organisés de manière complémentaire, des accords entre fractions et des associations d'élevage venant adoucir cet progressive évolution : agriculteurs en aval, pasteurs en amont et arboriculteurs et exploitants de la forêt dans la zone moyenne.
Aujourd'hui, la décision d'irriguer le périmètre du Haouz, le développement urbain de la ville lié à l'exode rural et l'importance de la fréquentation touristique, amènent à chercher l'eau de plus en plus loin. Pour soulager la nappe phréatique, l'Etat a lancé en 1970 une politique des barrages et, aujourd'hui, Marrakech est alimentée, pour 60% de son eau, par le barrage Hassan Ier, via les 118 km à ciel ouvert du canal de rocade.
Les conséquences territoriales de cette situation sont originales à deux points de vue :
- D'abord, la ville et le périmètre irrigué dépendent, pour plus de la moitié de leur eau, d'un autre bassin versant (le barrage Hassan Ier, située sur l'Oued Tessaout, fait partie du bassin versant de l'oued Oum R'Bia) que celui de la ville (le Haouz se situe en rive-droite de l'oued Tensift). A l'heure de la mise en place des Agences de bassin au Maroc - qui fonctionnent sur l'unité du bassin versant, un tel éclatement du réseau hydraulique remet en question la validité de l'unité spatiale adoptée pour la gestion de l'eau.
- D'autre part, l'altération du milieu naturel et social montagnard, dont les conséquences sur les sols et l'érosion constituent un danger réel pour l'avenir des barrages construits (deux autres barrages sont sur le point de voir le jour sur ce même versant nord du Haut Atlas alors que certains ont vu leur espérance de vie passer de 100 à 15 années), amènent les administrations en charge de l'aménagement et de la gestion des espaces de montagne à mettre au point des programmes de développement socio-économiques dans certaines vallées. C'est-à-dire que l'impact de la ville, sur l'oued et les territoires montagnards, ne se fait pas qu'en aval (par restitution, pollution,...) mais en amont, sur des espaces peu/pas connectés à son réseau hydraulique (en amont des barrages).
Si le contexte géographique, sous-tendant un risque de pénurie, rend la question d'autant plus grave au Maroc, cet exemple n'est pas sans avoir un enseignement plus global : les liens entre les choix économiques, le réseau hydraulique de la ville et les territoires de montagne devraient amener à se repositionner sur les questions de solidarités amont-aval.
L'objet de cette communication sera de présenter l'évolution spatiale du réseau d'eau (pour un usage domestique ou pour l'agriculture) de la ville et de sa huerta, le Haouz. Son extension spatiale, fruit de diverses stratégies politiques et de développement, joue en effet un rôle tout particulier sur l'organisation sociale des vallées atlasiques. Le développement de l'irrigation par le makhzen sur le piémont, a amené les sociétés montagnardes à s'organiser verticalement, le long de l'oued, en unités spécialisées : les terres de plaine étant occupées par les cultures, la tanshumance a dû orienter différemment ses déplacements, transversalement et en remontant l'oued, repoussant ainsi la forêt. Les différents groupes, ou fractions, présents le long de la vallée, se sont organisés de manière complémentaire, des accords entre fractions et des associations d'élevage venant adoucir cet progressive évolution : agriculteurs en aval, pasteurs en amont et arboriculteurs et exploitants de la forêt dans la zone moyenne.
Aujourd'hui, la décision d'irriguer le périmètre du Haouz, le développement urbain de la ville lié à l'exode rural et l'importance de la fréquentation touristique, amènent à chercher l'eau de plus en plus loin. Pour soulager la nappe phréatique, l'Etat a lancé en 1970 une politique des barrages et, aujourd'hui, Marrakech est alimentée, pour 60% de son eau, par le barrage Hassan Ier, via les 118 km à ciel ouvert du canal de rocade.
Les conséquences territoriales de cette situation sont originales à deux points de vue :
- D'abord, la ville et le périmètre irrigué dépendent, pour plus de la moitié de leur eau, d'un autre bassin versant (le barrage Hassan Ier, située sur l'Oued Tessaout, fait partie du bassin versant de l'oued Oum R'Bia) que celui de la ville (le Haouz se situe en rive-droite de l'oued Tensift). A l'heure de la mise en place des Agences de bassin au Maroc - qui fonctionnent sur l'unité du bassin versant, un tel éclatement du réseau hydraulique remet en question la validité de l'unité spatiale adoptée pour la gestion de l'eau.
- D'autre part, l'altération du milieu naturel et social montagnard, dont les conséquences sur les sols et l'érosion constituent un danger réel pour l'avenir des barrages construits (deux autres barrages sont sur le point de voir le jour sur ce même versant nord du Haut Atlas alors que certains ont vu leur espérance de vie passer de 100 à 15 années), amènent les administrations en charge de l'aménagement et de la gestion des espaces de montagne à mettre au point des programmes de développement socio-économiques dans certaines vallées. C'est-à-dire que l'impact de la ville, sur l'oued et les territoires montagnards, ne se fait pas qu'en aval (par restitution, pollution,...) mais en amont, sur des espaces peu/pas connectés à son réseau hydraulique (en amont des barrages).
Si le contexte géographique, sous-tendant un risque de pénurie, rend la question d'autant plus grave au Maroc, cet exemple n'est pas sans avoir un enseignement plus global : les liens entre les choix économiques, le réseau hydraulique de la ville et les territoires de montagne devraient amener à se repositionner sur les questions de solidarités amont-aval.