Dans l'atelier des faussaires. Luc de Túy, Rodrigue de Tolède, Alphonse X, Sanche IV : trois exemples de manipulations historiques (León-Castille, xiiie siècle) - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Cahiers de Linguistique et de Civilisation Hispaniques Médiévales Année : 2001

Dans l'atelier des faussaires. Luc de Túy, Rodrigue de Tolède, Alphonse X, Sanche IV : trois exemples de manipulations historiques (León-Castille, xiiie siècle)

Résumé

Quelle joie de participer à la première rencontre qui se soit jamais tenue sur l'œuvre de Luc de Túy ! Il n'est pas si loin le temps où, écrivant Les Juges de Castille et même quelques articles postérieurs, je formais chaque fois le vœu qu'un chercheur s'intéressât à cet homme qui, dans la première moitié du XIIIe siècle, réinventa – avec quel astucieux aplomb ! – l'histoire d'Espagne et l'art de la rapporter. Lorsque Luc de Túy se met à l'ouvrage, peu avant 1236, l'historiographie royale est presque morte en León comme en Castille. Longtemps après le travail des fondateurs asturiens, dont la Chronique d'Alphonse III avait, au tournant des IXe et Xe siècles, couronné l'effort, la suite léonaise du XIe siècle et de la première moitié du XIIe – Chronique de Sampiro, Corpus pélagien, Historia silensis – avait amené, aux environs de 1160, dans la Rioja castillane, une belle et claire synthèse : la Chronica najerensis. Peu avant, le royaume léonais avait encore produit la Chronica Adefonsi imperatoris, première chronique post-wisigothique entièrement consacrée à un règne, qui prolongeait en fait, par un récit contemporain des faits d'Alphonse VII, le savoir historiographique traditionnel. Ensuite, plus rien ou presque pour près d'un siècle. Seul le Liber regum, mais en Navarre et avant 1194, témoigne de la persistance d'une activité historiographique. Encore s'agit-il, pour l'essentiel, d'un résumé de chroniques, habilement agencé, certes, mais étroitement tributaire de l'art ancien de la généalogie royale. La composition du Liber, dont le titre usuel masque l'avènement majeur qu'il constitue, celui d'une historiographie en langue vernaculaire, traduisait pourtant le souci de diffuser plus largementl'histoire des rois. Mais en León et en Castille – si l'on excepte, pour cette dernière, l'activité des annalistes – rien jusqu'à Luc, rien entre 1160 et 1236, date d'achèvement du Chronicon mundi. Un long silence historiographique couvre presque l'entier du règne, sous tous rapports si important, d'Alphonse VIII (1158-1217)1 et les vingt premières années de celui de Ferdinand III. Vers 1220 encore, l'archevêque de Tolède Rodrigue Jimenez de Rada, appelé, pourtant, à être le plus grand historien du XIIIe siècle espagnol, se contente de faire traduire dans l'atelier de sa cathédrale le Liber regum du navarrais au castillan.

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halshs-00009825 , version 1 (30-03-2006)

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  • HAL Id : halshs-00009825 , version 1

Citer

Georges Martin. Dans l'atelier des faussaires. Luc de Túy, Rodrigue de Tolède, Alphonse X, Sanche IV : trois exemples de manipulations historiques (León-Castille, xiiie siècle). Cahiers de Linguistique et de Civilisation Hispaniques Médiévales, 2001, 24, pp.279-309. ⟨halshs-00009825⟩
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